Allocutions et interventions

Oour le Vingt-cinquième Anniversaire de la Révolution, à Santiago de Cuba, le 1er janvier 1984

Date: 

01/01/1984

Habitants de Santiago,

Compatriotes de Cuba tout entière,

VOILÀ VINGT-CINQ ans, nous nous sommes réunis sur cette même place, presque à cette même heure, et j'ai parlé au peuple pour la première fois depuis ce même balcon. Il n'est pas inutile de rappeler, à cause de leur actualité permanente, de leur valeur morale et de leur caractère historique, certains passages de ce discours qui exprimaient, bien que les événements capitaux du moment réclamassent toute notre attention, ce qui serait l'axe fondamental de notre conduite révolutionnaire:

« Nous voilà enfin arrivés à Santiago ! Le chemin a été dur et long, mais nous sommes arrivés ! (Applaudissements.)

« C'est maintenant que la Révolution commence. La Révolution ne sera pas une tâche facile, la Révolution sera une entreprise dure et semée de dangers. 

« La Révolution ne pourra pas se faire en un jour, mais vous pouvez être sûrs que nous allons la faire, vous pouvez être sûrs que, pour la première fois, la République sera pour de bon entièrement libre et que le peuple aura ce qu'il mérite.

« N'allons pas croire que tous les problèmes puissent se régler aisément. Nous savons que le chemin est jonché d'obstacles, mais nous sommes des gens d'une foi à toute épreuve, qui n'avons jamais reculé devant les grandes difficultés. Le peuple peut être sûr d'une chose : nous pourrons nous tromper une fois ou même plusieurs, mais la seule chose qu'on ne pourra jamais dire de nous c'est que nous avons volé…, que nous avons fait des trafics louches, que nous avons trahi.

« Nous ne nous laisserons jamais entraîner par la vanité et par l'ambition, parce que, comme l'a dit José Martí, "toute la gloire du monde tient dans un grain de maïs" et qu'il n'y a pas de plus grande satisfaction ni de plus grande récompense que de faire son devoir, comme nous l'avons fait jusqu'à présent et comme nous le ferons toujours... Je parle au nom des milliers et des milliers de combattants qui ont permis la victoire du peuple ; je parle de nos profonds sentiments et de notre dévotion envers nos morts qui ne seront pas oubliés... On ne pourra pas dire cette fois-ci, comme tant d'autres fois, que nous avons trahi la mémoire des morts, parce que les morts continueront de commander... Et seule la satisfaction de savoir que leur sacrifice n'a pas été vain compense le vide immense qu'ils ont laissé sur le chemin (applaudissements).

« La Révolution arrive à la victoire sans engagements avec personne d'autre que le peuple, le seul à qui elle doit sa victoire.

« Heureusement, la mission des fusils a cessé. Les fusils seront gardés à la disposition des hommes qui auront le devoir de défendre notre souveraineté et nos droits. Mais, quand notre peuple sera menacé, ce ne sont pas seulement les trente ou quarante mille membres des forces armées qui combattront, mais bien les trois cents ou quatre cents mille Cubains, hommes et femmes, qui peuvent empoigner les armes (applaudissements). Il y aura suffisamment d'armes pour équiper tous ceux qui veulent se battre quand le moment sera venu de défendre nos libertés, parce que la preuve est faite qu'à Cuba, les hommes ne sont pas les seuls à se battre, mais que les femmes se battent aussi (applaudissements).

«Quand, dans un peuple, les hommes se battent et que les femmes peuvent le faire, ce peuple-là est invincible. Nous organiserons les milices ou les réserves de combattantes, et nous les entraînerons, toutes volontaires. Et j'espère que ces jeunes femmes devant nous, qui portent les vêtements noir et rouge du Mouvement du 26 Juillet, apprendront aussi à manier les armes (applaudissements).

« Ce peuple mérite bien un meilleur destin, mérite bien d'accéder au bonheur qu'il n'a pas obtenu pendant ces cinquante ans de République, mérite bien de se convertir en un des premiers peuples du monde par son intelligence, son courage, sa fermeté !

« Que personne n'aille penser que je suis en train de faire de la démagogie, que personne n'aille penser que je veux flatter le peuple, parce que j'ai démontré suffisamment ma foi dans le peuple. En effet, quand je suis arrivé avec quatre-vingt-deux hommes aux plages de Cuba et que les gens disaient que nous étions fous et nous demandaient pourquoi nous pensions pouvoir gagner la guerre, je répondais : "Parce que nous avons le peuple avec nous". Et quand nous avons été défaits la première fois et que nous sommes restés une poignée d'hommes et que nous avons persisté dans notre lutte, nous savions que ce serait vrai, parce que nous croyions dans le peuple. Quand après que l'ennemi nous ait dispersés à cinq reprises en quarante-cinq jours, nous nous sommes regroupés de nouveau et nous avons repris la lutte, c'était parce que nous avions foi dans le peuple. Et nous avons aujourd'hui la preuve tangible que cette foi était justifiée (applaudissements). J'ai la satisfaction d'avoir cru profondément dans le peuple cubain et d'avoir inculqué cette foi à mes compagnons. Cette foi qui est aujourd’hui plus qu'une foi, une confiance absolue dans tous nos hommes. Et c'est cette même foi que nous avons en vous que nous voulons que vous ayez toujours en nous (applaudissements).

« La République n'a pas été libre en 1895, et le rêve des mambís s'est évanoui au dernier moment. La Révolution ne s'est pas réalisée en 1933, parce que ses ennemis l'ont escamotée. Mais cette fois-ci la Révolution a le peuple tout entier, elle a tous les révolutionnaires derrière elle... Sa force est si grande et si irrésistible que cette fois-ci la victoire est assurée ! Nous pouvons dire avec allégresse que, pour la première fois... en quatre siècles, nous allons être entièrement libres et que l'œuvre des mambís sera parachevée.

« Il y a quelques jours, je n'ai pas pu résister à la tentation de rendre visite à ma mère, que je n'avais pas vue depuis plusieurs années. Alors que je rentrais en voiture avec d'autres compagnons par le chemin qui traverse Los Mangos de Baragua, en pleine nuit, un sentiment de profonde dévotion nous a poussés à nous arrêter à cet endroit-là, où se dresse le monument qui commémore la protestation de Baraguá et le début de l'Invasion. Alors, en voyant ces sites-là, en pensant à ces exploits de nos guerres d'Indépendance, en songeant à ces hommes qui ont pu lutter trente années durant pour, à la fin, voir leurs espoirs déçus, pour voir la République échouer, en pressentant que la Révolution dont ils avaient rêvé, la patrie dont ils avaient rêvé serait très bientôt une réalité, nous avons éprouvé une des sensations les plus émouvantes que l'on puisse concevoir. Je voyais revivre ces hommes capables de tant de sacrifices, de ces sacrifices que nous avons connus à notre tour de très près; je pensais à leurs rêves, à leurs espoirs, qui étaient nos rêves et nos espoirs, et j'ai senti que notre génération de Cubains doit rendre et a déjà rendu le plus fervent hommage de reconnaissance et de loyauté aux héros de notre indépendance».

Les hommes qui sont tombés au cours de nos trois guerres d'Indépendance joignent aujourd'hui leurs efforts à ceux des hommes qui sont tombés pendant cette guerre-ci. Nous pouvons dire à tous ceux qui sont morts dans les luttes pour la liberté que le moment est enfin venu où leurs rêves se sont convertis en réalité, le moment est enfin venu de dire que notre peuple, autrement dit vous-mêmes, que notre peuple bon et noble... aura tout ce qu'il mérite. » (Applaudissements.)

Ces mots remontent à vingt-cinq ans. C'était un discours improvisé à la chaleur des émotions, dans le tourbillon des événements de cette journée-là. Notre langage s'est modifié. Aujourd’hui, les buts, les objectifs, les problèmes, qui semblaient alors si lointains, sont différents. Bien qu'il soit oiseux de revenir sur ce que ces vingt-cinq ans ont démontré à satiété, disons que les idées clés de ce discours, celles qui nous ont inspirés bien avant le 26 juillet 1953, sont restées inchangées, qu'elles sont et qu'elles seront toujours d'actualité (applaudissements).

On ne parlait pas alors de parti marxiste-léniniste, de socialisme et d'internationalisme, on ne mentionnait même pas le capitalisme par son nom ; très peu d'ailleurs en auraient compris alors la véritable signification, Pourtant, tout ce qui s'est passé depuis dans notre patrie, la progression de notre processus politique jusqu'à des limites incroyables, la place historique que notre peuple, nos idées et notre expérience nationale occupent aujourd'hui dans le monde sont la conséquence directe de cet engagement révolutionnaire sacré que nous avons contracté avec le peuple (applaudissements).

Ce même soir, j'exprimais une idée fondamentale de la façon suivante:

« Vous savez que nous sommes des hommes qui tenons parole et que nous accomplissons tout ce que nous promettons. Nous voulons promettre moins que ce que nous allons que nous offrons au peuple cubain. » (Applaudissements.)

À l'inverse de ce qui s'était passé dans l'histoire politique de notre patrie, où on n'avait jamais voulu ou pu accomplir les programmes révolutionnaires tant de fois promis au peuple, notre programme de la Moncada, cette fois-ci, n'a pas seulement été accompli dans sa totalité. Nous sommes allés bien plus loin, exactement comme ceux d'entre nous qui avions organisé l'attaque de la Moncada et fondé le Mouvement du 26 Juillet l'avions rêvé dans notre for intérieur. Notre peuple est parvenu à fonder le premier État socialiste du continent américain, le système politique et social le plus avancé qu'ait jamais connu l'homme dans toute son histoire (applaudissements).

L'échec, cette fois-ci, n'a pas été le fait du peuple, mais celui de l'impérialisme, des latifundistes, des oligarques, de bourgeois et autres réactionnaires qui avaient toujours été convaincus que n'importe quel programme révolutionnaire à Cuba ou en Amérique latine, ne serait jamais qu'un chiffon de papier, appelé à finir dans la corruption ou à la poubelle (applaudissements).

Si long a été le chemin qui a démarré à Yara le 10 octobre 1868 pour aboutir au 1er janvier 1959, long et dur, glorieux et héroïque a été le chemin qui nous a conduits à ce vingt-cinquième anniversaire de la Révolution victorieuse (applaudissements).

On a d'ailleurs voulu escamoter au peuple sa victoire dès ce 1er janvier 1959. Alors que le gros des troupes ennemies encore en combat étaient encerclées et sur le point de se rendre ou d'être balayées, alors que l'île était coupée en deux et le peuple sur le pied de guerre, un putsch militaire se produisait dans la capitale de la République. L'auteur essentiel en était le chef des troupes d'opérations ennemies dans la province d'Oriente, celui-là même qui s'était réuni avec nous le 28 décembre pour reconnaître la déroute de l'armée et décider comment et quand, avec jour et heure, il faudrait mettre fin à la lutte et accepter la victoire de la Révolution. Et cet homme-là n'a pas tenu ses engagements.

Le putsch s'est réalisé avec la participation de l'ambassade des États-Unis et la complicité de Batista en personne. Si l'impérialisme a fait cette tentative de dernière heure c'est parce que, sous-estimant la force de l'Armée rebelle et du peuple cubain, il pensait disposer d'assez de temps pour mettre au point une formule mutilante et interventionniste comme celle de 1933 ; il estimait avoir jusqu'au 24 février 1959, date à laquelle le gouvernement choisi au terme de la farce électorale de novembre 1958 assumerait le pouvoir. L'offensive fulgurante menée par l'Armée rebelle en décembre ne lui en laissait pas le temps, L'impérialisme s'efforçait à tout prix de sauver la vieille armée que ses troupes d'intervention avaient créée au début du siècle en remplacement de la glorieuse armée mambí. Cette vieille armée, qu'il avait organisée, équipée, entraînée, endoctrinée et corrompue, avait été le pilier fondamental de sa domination pendant près de soixante ans. Mais le putsch militaire était liquidé en moins de soixante-douze heures par l'Armée rebelle et par le peuple qui occupaient toutes les installations militaires du pays et consolidaient la victoire (applaudissements).

Quand nous nous sommes réunis ce soir-là à Santiago de Cuba, la situation était encore confuse, et même si nous étions absolument convaincus du résultat final, nous ignorions s'il n'allait pas falloir encore livrer des combats sanglants dans la capitale de la République. Les travailleurs cubains ont écrit une page indélébile en secondant de façon unanime, enthousiaste et totale l'appel à la grève générale lancé par le commandement de l'Armée rebelle depuis Palma Soriano, dans la matinée du 1er janvier (applaudissements).

L'impérialisme yankee n'avait pas tenu compte, à l'heure des calculs et des prévisions, de cette force extraordinaire, de cet esprit combatif du peuple. Or, on ne pouvait sous-estimer cette caractéristique de notre peuple, Ce n'est pas pour rien que celui-ci a fait face, seul, presque pendant trente ans, à des centaines de milliers de soldats espagnols au cours de la plus héroïque des guerres d'indépendance américaines (applaudissements). Le caractère d'un peuple ne se forme pas en un jour, mais, une fois formé, même des siècles d'assujettissement, d'exploitation et de domination ne peuvent le détruire.

Ce que nous pouvons dire aujourd'hui, c'est que nous ne nous sommes pas montrés inférieurs à ces titans de 1868 et de 1895, ni aux combattants héroïques de la Moncada, des montagnes et des plaines (applaudissements).

Lorsque nous nous sommes engagés à Santiago de Cuba sur la voie glorieuse de ces vingt-cinq années, nous savions que notre peuple serait à la hauteur de la prouesse qu'il se proposait de réaliser. Qui le sait mieux, qui peut en témoigner mieux que l'impérialisme yankee lui-même ? Il n'a jamais pu découvrir dans notre peuple un seul instant d'hésitation, de doute, de faiblesse ou de crainte. La haine croissante et impuissante de l'impérialisme donne la mesure des mérites de notre Révolution (applaudissements). Les lâches, on les méprise, on les humilie, on les soumet. En revanche, l'hostilité, la haine, les mensonges, les menaces et les agressions en tous genres de l'impérialisme yankee se sont brisés, vingt-cinq années durant, contre la Révolution cubaine. C'est à nous qu'a échu le rôle historique de faire face ici, à cent cinquante kilomètres, ou plutôt, à cent cinquante millimètres, si l'on prend en considération le territoire occupé de la base navale de Guantánamo, au pays impérialiste le plus puissant du monde (applaudissements).

La Révolution n'a ni tremblé ni hésité quand il a fallu punir exemplairement les criminels de guerre, comme nous l'avions promis au peuple ; confisquer les biens volés au pays par des gouvernants corrompus ; défendre les droits, la pleine souveraineté et la dignité de notre peuple ; léser les intérêts des grands monopoles exploiteurs yankees et de la bourgeoisie nationale ; réduire les tarifs des services publics, des loyers et des médicaments ; réintégrer dans leurs centres de travail tous ceux qui avaient été licenciés par la tyrannie.

Elle n'a ni tremblé ni hésité en promulguant la réforme agraire la plus profonde et la plus radicale jamais réalisée en Amérique latine, qui touchait non seulement les latifundia appartenant à des Cubains, mais encore d'immenses terres dépendant d'exploitations agricoles des États-Unis.

Elle n'a ni tremblé ni hésité en rendant coup pour coup à chaque mesure d'agression économique des États-Unis, en nationalisant l'une après l'autre toutes les sociétés yankees propriétaires de sucreries, de compagnies de téléphone et d'électricité, de chemins de fer, de ports, de mines, de chaînes commerciales et de banques.

Elle n'a ni tremblé ni hésité lorsqu'il a fallu nationaliser toutes les banques, le commerce extérieur et toutes les grandes sociétés capitalistes du pays.

Elle n'a ni tremblé ni hésité en arrachant par la racine la discrimination raciale et en éliminant le jeu, la prostitution, la drogue et la mendicité (applaudissements).

Elle n'a ni tremblé ni hésité lorsqu'il a fallu créer les milices ouvrières et paysannes et recevoir des armes de pays socialistes pour faire face aux bandes contre-révolutionnaires, aux meurtriers d'alphabétiseurs, d'ouvriers et de paysans, aux attentats terroristes, aux tentatives d'assassinat de dirigeants révolutionnaires et aux plans de sabotage de la CIA. Et nous avons su honorer avec toujours plus d'indignation et de fermeté les dizaines de victimes des crimes du gouvernement des États-Unis, notamment du sabotage brutal du cargo La Coubre.

La Révolution n'a ni tremblé ni hésité en faisant face à l'invasion mercenaire de Playa Girón, et en proclamant le caractère socialiste de la Révolution (applaudissements) le jour même de l'enterrement des victimes des bombardements aériens et à la veille de combats décisifs au cours desquels notre peuple a lutté et vaincu héroïquement, défendant d'ores et déjà les drapeaux du socialisme.

Elle n'a ni tremblé ni hésité en octobre 1962 devant la menace d'une invasion et d'une guerre nucléaire, au moment d'une crise qui ne s'explique que par les agressions criminelles et les menaces yankees contre notre patrie, et par les mesures que nous avions dû prendre pour nous défendre.

Elle n'a ni tremblé ni hésité en unissant solidement toutes les forces révolutionnaires, en faisant sienne la doctrine du marxisme-léninisme, en fondant un parti d'avant-garde et une Union des jeunes communistes, en créant de puissantes organisations d'ouvriers, de paysans, de voisins, de femmes, d'étudiants et même d'enfants et d'adolescents, qui seraient éduqués dans les principes de leurs parents et dans l'amour de la Révolution (applaudissements).

La Révolution n'a ni tremblé ni hésité devant la tâche colossale qui consistait à éliminer le chômage, l'analphabétisme, l'ignorance et la situation sanitaire calamiteuse de notre pays, créant des centres de travail, des crèches, des écoles primaires, secondaires et techniques, des universités, des centres d'éducation spéciale pour enfants handicapés, des hôpitaux ruraux, des hôpitaux pour enfants, des maternités, des hôpitaux généraux, des polycliniques, des dizaines de centres spécialisés en recherche et assistance médicale, ainsi que de nombreuses installations culturelles et sportives pour le développement mental et physique de notre jeunesse et de notre peuple.

Elle n'a ni tremblé ni hésité en s'engageant résolument sur la voie longue et difficile du développement économique et social, à partir d'une économie en retard, déformée et dépendante, héritée du colonialisme, et au milieu d'un embargo économique brutal de la part de ceux qui avaient été nos premiers fournisseurs d'équipements, de technologies, de projets et de matières premières. Un chemin dur et difficile qui exigeait d'énormes efforts, de la persévérance et des sacrifices ; la mise au point de plans quinquennaux et annuels ; la création d'entreprises du bâtiment, de montage industriel, de projets ; la mise en place d'une infrastructure en matière de chemins, de routes, de chemins de fer et de ports ; la création et le développement de la marine marchande et de la flotte de pêche ; la mécanisation de la récolte de la canne à sucre et de tous les travaux agricoles ; l'électrification des campagnes; la construction de barrages, de canaux d'irrigation et de drainage ; l'introduction dans notre agriculture retardataire de la fertilisation et de la chimie en général, de l'amélioration du bétail, de l'insémination artificielle et d'autres nombreuses techniques ; l'amorce de l'industrialisation du pays, la qualification de centaines de milliers d'ouvriers, de techniciens moyens et d'universitaires ; la fondation de dizaines de centres de recherche scientifique et le développement de relations économiques solides avec le camp socialiste : un chemin tout à fait nouveau sur lequel nous n'avions pas au départ la moindre expérience.

En parcourant ce chemin, nous avons construit des milliers d'ouvrages industriels et agricoles et d'équipements collectifs tout au long de ces années. Comme résultat de tout cela, le visage de nos campagnes et de nos villes a changé du tout au tout, Le travail s'est humanisé dans toutes les sphères de production essentielles grâce à la technique et aux machines. De nombreux ouvrages de grande envergure sont en chantier ou dans la phase de mise en marche dans le domaine de l'énergétique et dans d'autres secteurs: la première centrale nucléaire, une nouvelle raffinerie de pétrole, de grandes usines de traitement du nickel, d'importantes usines textiles et filatures, la prospection géologique du pays, la prospection et l'extraction de pétrole, de grandes usines sidérurgiques et de construction mécanique et d'autres secteurs fondamentaux des industries lourde, légère et alimentaire. On construit de nouvelles sucreries dont la conception est cubaine à 100 p. 100 et les pièces à plus de 60 p. 100. On réalise un travail intense et systématique en ce qui concerne les plans prospectifs et les grandes lignes du développement économique et social à l'horizon 2000.

S'il fallait une preuve de la manière dont s'est élevée la productivité du travail, on pourrait dire qu'il y a douze ans on employait 350 000 coupeurs de canne à chaque campagne sucrière, contre moins de 100 000 aujourd'hui, pour une production de sucre bien supérieure (applaudissements). Et cela sans provoquer de chômage. Il en est de même dans d'autres branches de l'agriculture, de l'industrie, du bâtiment et des transports tandis que la qualité et la quantité des emplois se sont accrues dans diverses branches de la production et des services. Quel autre pays d'Amérique latine peut en dire autant ? (Applaudissements.)

Tout le monde s'accorde à reconnaître aujourd'hui, même nos ennemis, que notre santé publique et notre éducation constituent un succès impressionnant, qui n'a de précédent dans aucun pays de ce qu'on appelle le tiers monde, voire dans plusieurs pays de ceux dits industrialisés. Néanmoins, nos ennemis osent contester les acquis de notre développement économique. Le fait est que notre économie, en dépit du brutal embargo économique yankee, s'est accrue à une moyenne annuelle de 4,7 p. 100 depuis le triomphe de la Révolution — parfois plus, parfois moins, selon les années — un des taux de croissance les plus élevés de l'Amérique latine durant cette période (applaudissements).

Sinon, comment pourrions-nous soutenir un système éducationnel qui coûte plus d'un milliard et demi de pesos par an, et un système de santé dont le montant dépasse les cinq cents millions, un budget qui dépasse des dizaines de fois celui de l'époque du capitalisme ? Comment aurions-nous pu devenir un pays sans chômage, avec un système de sécurité sociale avancé, dont tous les travailleurs bénéficient ? Comment pourrions-nous être, après l'Argentine, qui dispose d'énormes étendues de terre cultivable et de grands troupeaux de bétail, le pays le mieux alimenté d'Amérique latine avec presque trois mille calories et presque quatre-vingts grammes de protéines par habitant et par jour, comme l'a reconnu récemment une institution qui est une ennemie et une détractrice de la Révolution cubaine ? (Applaudissements.) Comment pourrions-nous occuper une place de choix dans le domaine des sports, de la culture et de la recherche scientifique ? Comment pourrions-nous être un pays sans enfants abandonnés, sans mendiants, sans prostitution, sans jeu et sans drogue ? (Applaudissements.) Nombre de ces activités ne sont-elles pas le triste moyen de subsistance d'innombrables personnes, non seulement dans des pays sous-développés, mais aussi dans presque tous les pays capitalistes industrialisés ? Comment pourrions-nous accueillir et former techniquement plus de 20 000 jeunes en provenance d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine et offrir notre coopération à plus de trente pays du tiers monde ? (Applaudissements.)

Cela est possible, bien sûr non seulement parce que notre économie s’est développée, mais aussi parce que nos échanges avec les pays socialistes, qui représentent aujourd'hui plus de 80 p. 100 de notre marché, ne sont pas victimes de prix toujours plus injustes et arbitraires, comme l'est le Tiers-monde dans ses relations avec les pays capitalistes développés ; cela est possible parce que notre richesse est mieux distribuée ; parce que les fruits de notre économie n'aboutissent pas dans les mains des monopoles ni dans les poches des gouvernants ; parce qu’il n'y a plus de fuites de capitaux et parce que nous pouvons compter sur un peuple travailleur, enthousiaste, généreux et solidaire, dont les enfants sont capables de remplir n'importe quelle tâche et n'importe quelle mission, tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger (applaudissements). En d'autres termes, parce que nous disposons d'un trésor incalculable, inconnu dans les sociétés capitalistes : un homme nouveau avec des valeurs nouvelles et une conception de la vie nouvelle, pour lequel aucune tâche ne s'avère difficile ou impossible (applaudissements). Parlant de notre esprit internationaliste, nous signalions récemment ceci à des journalistes étrangers : quand on a demandé des maîtres d'écoles pour le Nicaragua, 30 000 se sont offerts ; lorsque, quelques mois plus tard, des maîtres d'écoles cubains ont été assassinés au Nicaragua, 100 000 se sont offerts (applaudissements). Les États-Unis ont leurs Corps de la paix ; les Églises ont leurs missionnaires ; Cuba possède à elle seule plus de citoyens volontaires pour aller remplir ces tâches dans n'importe quel pays du monde que les États-Unis et toutes les Églises ensemble (applaudissements). Cet esprit se reflète dans le travail, aussi bien ici qu'à l'étranger.

On peut ajouter une autre preuve de la solidité de notre développement. Malgré les énormes ressources que nous sommes contraints d'investir dans la défense du pays, les budgets de l'éducation, de la santé, de la culture, des sports, de la science et de la technique augmentent chaque année ; nous investissons toujours plus de ressources chaque année dans l'entretien et la construction de logements ; nous investissons toujours plus chaque année dans l'industrie, dans l'agriculture et dans l'infrastructure économique. Cette année, 1984, le budget affecté à la science et à la technique augmente de 15,6 p. 100 ; celui de la santé, de 14,3 p. 100 ; celui du logement et des services communaux de 14,1 p. 100 ; celui des sports, de 10,8 p. 100 ; celui de l'art et de la culture, de 9,1 p. 100 ; celui de l'éducation, de 5,1 p. 100 et celui de la sécurité sociale, de 4,2 p. 100. Et pourtant, nos recettes et nos dépenses budgétaires sont équilibrées. Dans les autres pays de ce continent, on n'entend parler que d'accroissement du chômage et de réduction des budgets de l'éducation, de la santé et autres dépenses sociales.

En pleine crise économique mondiale, et alors que l'ensemble de l'économie de l'Amérique latine a décru de 1 p. 100 en 1982 et de 3,3 p. 100 en 1983, celle de Cuba s'est accrue de 2,5 p. 100 en 1982 et de 5 p. 100 en 1983. On envisage pour 1984 un accroissement similaire à celui de l'année dernière (applaudissements).

J'expliquais récemment comment la Révolution avait entrepris son programme réussi de santé avec seulement 3 000 médecins, que nous en avions maintenant presque 20 000, et que dans les seize années à venir nous en aurions 50 000 de plus (applaudissements). La sélection, la formation, le travail de ces médecins, la conception que nous avons de cette profession et du système de santé placeront Cuba au premier rang dans le monde sur ce plan dans pas plus de quinze ou vingt ans (applaudissements).

Nos progrès dans le domaine de l'éducation seront similaires, et nous travaillons dans tous les domaines en nous fixant des objectifs ambitieux.

Je disais à la clôture de la dernière session de l'Assemblée nationale que nous manquions totalement d'expérience au 1er janvier 1959, que nous n'avions que des idées, de bonnes et nobles idées, certes, mais rien que des idées. L'œuvre réalisée au cours de ces années l'a été par des hommes très modestes, issus du peuple, presque toujours d'humbles travailleurs qui devaient du jour au lendemain prendre la place du gérant ou de l'ancien patron qui ne voulaient pas coopérer ou qui abandonnaient le pays. Et pourtant, en démarrant pratiquement de zéro, nous avons avancé extraordinairement.

Aujourd'hui, au bout de vingt-cinq ans, nous disposons de centaines de milliers de techniciens et de dizaines de milliers de cadres formés par la Révolution. Aujourd'hui, nous disposons d'un parti d'avant-garde, expérimenté, qui compte près d'un demi-million de militants, d'une Union des jeunes communistes, avec plus d'un demi-million de membres enthousiastes et combatifs, et de puissantes organisations de masses bien aguerries. Tout ceci n'était encore qu'un rêve au 1er janvier 1959 (applaudissements). La proclamation de notre Constitution socialiste et la création des Pouvoirs populaires ont signifié un progrès extraordinaire dans la décentralisation de l'État et dans la participation plus directe des masses à la gestion du pays, une formidable école de gouvernement et une forte impulsion aux activités provinciales et municipales.

Nous disposons donc d'une intelligence et d'une force collectives gigantesques, ainsi que de solides institutions politiques, sociales et étatiques. De quoi ne serons-nous pas capables dans les années à venir ? (Applaudissements.)

Nos perspectives sont assurément brillantes, mais pour cela nous avons besoin de paix. Or, la paix est menacée dans le monde, et elle est menacée dans notre région.

Du fait de la politique aventuriste, irresponsable et belliciste de l'actuelle administration des États-Unis, les tensions se sont accrues dans le monde.

Si l'on se rappelle que la crise de 1962 avait découlé de l'installation à Cuba de quarante-deux missiles de portée moyenne, on comprendra le risque que représente l'installation de cinq cent soixante-douze fusées nucléaires stratégiques aux abords des frontières de l'URSS et des autres pays du camp socialiste. La tentative insensée de rompre l'équilibre nucléaire provoque, inévitablement, des contre-mesures nécessaires et justifiées. Les négociations entre l'URSS et les États-Unis se sont par conséquent interrompues. Depuis l'arrivée de l'actuelle administration, en conformité avec sa politique belliciste et de suprématie militaire, les budgets militaires des États-Unis ont battu tous les records, et une colossale course aux armements frappe à nos portes. Tout ceci au milieu de la plus grave crise économique que le monde ait connue dans les cinquante dernières années, alors que le chômage s'accroît comme un fléau dans les nations capitalistes développées et dans les pays sous-développés, alors que la dette extérieure devient insupportable pour le tiers monde, qui est incapable de l'honorer. Comment M. Reagan peut-il affirmer qu'il renforce ainsi la sécurité des États-Unis ? Bien au contraire, le monde devient de moins en moins sûr pour tous les peuples, y compris pour le peuple de ce pays-là. Nombreux sont ceux qui, se fondant sur de solides raisonnements scientifiques, signalent que l'humanité ne pourra survivre à une guerre nucléaire totale, non seulement à cause de la destruction directe, mais aussi à cause de la pollution des eaux, de la terre et de l'atmosphère et des désastres écologiques gigantesques qui s'ensuivraient. Quelqu'un a même dit que les survivants en arriveraient à envier les morts.

Seuls des irresponsables, des ignares ou des déments peuvent conduire la politique mondiale vers cet abîme. Comme nous faisons partie du monde, ce péril nous menace. Mais les peuples d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient et notamment d'Amérique latine sont menacés de surcroît par la politique de gendarme mondial, l'hystérie belliciste et la conduite agressive de l'impérialisme L'invasion brutale et perfide de la Grenade, les mensonges et les prétextes employés pour justifier ce crime monstrueux, mettent à nu le cynisme, l'immoralité, le manque de scrupules et le mépris absolu du droit international et de la souveraineté des peuples dont fait preuve l'administration des États-Unis.

A quoi viennent s'ajouter d'autres circonstances aggravantes : la façon grossière dont l'opinion publique des États-Unis a été manipulée et intoxiquée, la présentation de ce fait répugnant comme une grande victoire et la croyance que ces actions de banditisme et de terrorisme internationaux pourront mettre à genoux Cuba, le Nicaragua et le mouvement révolutionnaire en Amérique centrale (applaudissements).

Ceux-là mêmes qui arment et conseillent les génocides d’El Salvador, organisent, entraînent et équipent aussi les groupes mercenaires qui agressent le Nicaragua depuis le Honduras, envahissent et occupent la Grenade, incitent et soutiennent les racistes sud-africains contre l'Angola, pilonnent le Liban et harcèlent militairement la Syrie. Le droit des peuples, le droit international, les Nations Unies, les accords, les conventions et l'opinion publique internationale, rien de cela n'a d'importance pour ces espèces de nouveaux barbares nazi-fascistes, pour ces maîtres chanteurs par excellence, qui ne sont au fond que des lâches, des opportunistes, des calculateurs, et qui, à l'instar de leurs prédécesseurs hitlériens, sous-estiment et méprisent la capacité de lutte et de sacrifice, la force patriotique invincible ainsi que les valeurs morales et spirituelles des peuples (applaudissements).

Il a fallu un Viet Nam, avec ses millions de victimes vietnamiennes et ses dizaines de milliers de morts étasuniens, pour que les impérialistes apprennent concrètement les limites de leurs possibilités et de leurs forces. Rea­gan veut faire oublier cette leçon au peuple des États-Unis, même au prix de risques qui peuvent aller depuis de nouveaux Viet Nam jusqu'à l'holocauste nucléaire.

Les États-Unis peuvent bien se payer aujourd'hui le luxe d'envahir la Grenade, d'imposer des embargos économiques à deux petites nations comme Cuba et le Nicaragua et de les menacer, de montrer leurs griffes et leurs dents en El Salvador et en Amérique centrale, le système de domination impérialiste en Amérique latine n'en est pas moins en crise. Les dictatures militaires de droite au Chili, en Argentine, en Uruguay et dans d'autres pays, ultime recours de l'impérialisme et du capitalisme, ont échoué avec fracas en plongeant ces nations dans la ruine et la banqueroute économique. Du « miracle brésilien » il ne reste plus que cent milliards de dollars de dette extérieure et les nouvelles incessantes de catastrophes sociales : chômage, famine, inflation, chute du niveau de vie général, mortalité infantile, maladies et pillages des magasins par le peuple brésilien. La prétendue démocratie représentative bourgeoise est également en crise, étouffée par l'inefficacité, la corruption, l'impuissance sociale, les dettes impayables et la ruine économique. Le chômage, l'insécurité et la famine se répandent tel un fléau. Les illusions réformistes et la panacée onéreuse et discréditée des investissements transnationaux ont fait long feu. Les changements structurels et sociaux sont inévitables. Ils interviendront tôt ou tard et seront d'autant plus radicaux que la crise, qui n'est pas simplement conjoncturelle, sera plus profonde et plus insurmontable. Ni Cuba ne peut exporter la révolution ni les États-Unis ne peuvent l'empêcher (applaudissements). Et, dans ce cas, pourront-ils un jour imposer un blocus à toute l'Amérique latine et y intervenir ? Reagan pense-t-il donc que le Brésil a la même taille que la Grenade ? Les États-Unis devront, en tout état de cause, se résigner à coexister avec des systèmes sociaux et économiques différents et avec des pays indépendants sur ce continent (applaudissements).

Les impérialistes se leurrent s'ils croient pouvoir obtenir des concessions de Cuba ou la faire plier par des menaces et des agressions. Et ceci n'est pas seulement valable pour la génération qui a fait la guerre de libération et la Révolution : c'est et ce sera toujours un principe inébranlable des nouvelles générations qui, face à tous les augures, à toutes les illusions et à tous les présages des impérialistes, grandissent et s'éduquent dans un esprit encore plus intransigeant et encore plus révolutionnaire (applaudissements).

Notre patrie ne se refusera jamais à œuvrer en faveur de la paix, à discuter et à résoudre les différends par des négociations, ceci sans renoncer pour autant à un seul atome de sa morale, de sa dignité, de sa souveraineté et de ses principes. Notre patrie ne se refusera pas non plus à coopérer avec des formules qui puissent contribuer à résorber les tensions dans notre région et dans le monde. Nous estimons qu'il est du devoir inéluctable de tous les peuples et de tous les hommes d'État de lutter pour l'avenir et la survie de l'humanité qui n'a jamais été autant menacée de mort. Nous-mêmes avons besoin de paix. La paix signifie pour notre peuple un avenir rayonnant et sûr. Mais la paix ne se conquiert pourtant pas par des indécisions et des concessions devant l'agressivité impérialiste. Toute concession à l’agresseur ne fait que le conforter dans ses visées morbides et ouvre la voie au joug, à l'oppression et à la reddition.

Si, après ses tristes exploits à la Grenade, l'impérialisme croit que les Cubains sont affaiblis, c'est que la stupidité l'aveugle ! Chez les Cubains, les Nicaraguayens, les Salvadoriens, le patriotisme, l'esprit de lutte, la conscience révolutionnaire ont décuplé ; leur mépris et leur haine des méthodes sanguinaires et de la politique de l'empire ont décuplé. Tout nouveau forfait de sa part lui coûtera encore plus cher, sera encore plus difficile, encore plus impossible.

Les révolutionnaires n'ont jamais eu peur des risques et des sacrifices qu'impliquent ses menaces, et maintenant moins que jamais (applaudissements).

Nous avons le devoir de parler au nom de notre peuple. Le sang versé par les héroïques coopérants tombés à la Grenade ne sera jamais oublié (applaudissements prolongés). J'espère que les impérialistes étasuniens n'oublieront pas non plus que ces hommes n'ont pas tremblé ni n'ont hésité à combattre leurs meilleures troupes, tout en étant à plus de quinze cents kilomètres de leur patrie et dans une situation totalement désavantageuse en nombre et en armements (applaudissements). Et s'ils n'ont ni tremblé ni hésité, si notre Révolution n'a ni tremblé ni hésité quand il lui a fallu s'acquitter de nobles missions internationalistes (applaudissements), qu'elle a menées à bien avec un courage et une dignité exemplaires, notre peuple tremblerait et hésiterait encore moins si le moment venait de défendre bon propre sol et sa propre vie. (Applaudissements. La foule scande: « Fidel, vas-y, tape dur sur les Yankees ! ») Aux côtés des combattants héroïques de nos glorieuses Forces armées révolutionnaires, les hommes et les femmes, les vieillards et les jeunes prendront les armes pour infliger aux agresseurs une leçon qu'ils n'oublieront pas de si tôt, pour donner un exemple qui bouleversera le monde et fera trembler l'empire (applaudissements).

Nous avons dit que la production et la défense étaient aujourd'hui nos mots d'ordre fondamentaux. Loin de se contredire, ils se complètent. Plus un peuple est combatif, plus il est conscient et disposé à lutter pour sa patrie, et plus il travaillera, plus il s'adonnera à l'œuvre de la Révolution et au développement de son pays. Plus nous développons la production et les services, plus nous luttons pour le bien-être, l'avenir et le bonheur de nos compatriotes, plus nous redoublons d'attentions envers les enfants dans les écoles, envers les malades dans les polycliniques et dans les hôpitaux, et plus notre attitude s'améliorera jusqu'à devenir excellente dans les autres services du pays. Plus nos écrivains, nos artistes et nos hommes de science sont éminents, plus nos sportifs sont brillants, plus notre Parti et notre État sont vigoureux et efficaces, et plus notre peuple défendra la patrie et la Révolution avec décision et héroïsme (applaudissements).

Si au début, alors que n'avions rien d'autre que des idées pour lesquelles lutter, notre peuple n'a pas hésité un seul instant, aux moments de Playa Girón et de la crise d'Octobre, à prendre les armes et s'il a été disposé à lutter jusqu'aux dernières conséquences, quelle ne sera pas son attitude aujourd'hui, quand, outre la dignité, la souveraineté, la liberté, l'indépendance de la patrie et le droit de faire la révolution, nous avons toute l'œuvre de la Révolution et un avenir merveilleux à défendre ! (Applaudissements.)

Aux côtés du peuple et des forces armées on verra lutter dignement, prêts à vaincre ou à mourir, tous les cadres du Parti et de l'État, tous les membres du Comité central et tous les dirigeants de la Révolution (applaudissements).

Santiago de Cuba, nous nous présentons à nouveau devant toi, en ce vingt-cinquième anniversaire, avec une Révolution devenue réalité et toutes nos promesses tenues ! (Applaudissements.)

Nous te décernons aujourd'hui le titre de Ville-Héroïque de la République de Cuba et l'ordre Antonio Maceo, ce fils illustre né de ton sein qui nous a appris qu'un combattant ne renonce jamais à lutter, qu'on ne peut jamais signer de pactes indignes avec l'ennemi, que personne ne pourra jamais essayer de s'emparer de Cuba sans périr dans l'entreprise. (Applaudissements. La foule scande : « Fi-del, Fi-del, Fi-del ! »)

Tu nous as accompagnés dans les journées les plus difficiles. C'est ici que nous avons vécu notre Moncada, notre 30 Novembre, notre 1er Janvier. Nous te rendons aujour­d'hui un hommage tout particulier, et, à travers toi, à tout notre peuple que tu symbolises ce soir. Que ton héroïsme, ton patriotisme et ton esprit révolutionnaire soient à jamais un exemple pour tous les Cubains ! Que notre peuple fasse toujours sien le mot d'ordre héroïque que nous avons appris ici : La patrie ou la mort ! (La foule crie : « Nous vain­crons » !) Et qu'il trouve toujours ce que nous avons connu en ce glorieux 1er Janvier : la Victoire ! (Applaudissements.)

Merci, Santiago ! (Ovation.)

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